Les Nichoirs

Mésange bleue nourrissant son oisillon © Alain Houbre 

A quoi ça sert un nichoir ?

Le déclin des oiseaux urbains est un phénomène avéré et quantifié par les études du Muséum national d’Histoire naturelle. En 30 ans, la population des oiseaux des villes a chuté de 30%. Les études menées par l’antenne francilienne de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) sur le Moineau domestique montrent que sa population a baissé de 75% entre 2003 et 2016. 

Mais pourquoi ? 

L’urbanisation croissante entraîne une diminution drastique et continue des habitats naturels des oiseaux et de leurs sites de nidification. Dans leur milieu naturel et selon leur écologie, les oiseaux utilisent toute une variété de milieux pour se reproduire, comme les arbres creux, les cavités de falaises et de murs ou bien dissimulent leurs nids à l’abri des prédateurs dans les arbres et les buissons.

La croissance urbaine entraîne invariablement la disparition des zones favorables à la nidification des oiseaux et entraine une diminution de leur population. Par exemple, l’évolution des techniques architecturales et la densification des villes a participé à la baisse des Hirondelles et des Martinets qui peuplent traditionnellement les villes. Ces oiseaux adaptés aux environnements urbains utilisent les charpentes et les avancées de toit pour bâtir leur nid. La disparition de ces éléments dans les villes modernes prive ces espèces emblématiques de leurs sites de reproduction. 

Les nichoirs artificiels viennent ainsi compenser cette perte de cavités et de structures naturelles, offrant un abri sûr et propice à la reproduction pour de nombreuses espèces d’oiseaux. 

En effet, les nichoirs possèdent de nombreux avantages pour les oiseaux. Solides, ils résistent aux aléas climatiques. Bien dimensionnés et bien placés, ils réduisent considérablement la prédation des autres espèces sur les nichées.  

En revanche, cet aménagement artificiel ne fonctionne pas pour tous les oiseaux. 

Danse de l'amour d'un couple de moineaux domestiques.Parade nuptiale de Moineau domestique © Wikimedia common

Qu’est-ce qu’un oiseau urbain ?

Les oiseaux n’ont pas tous le même niveau d’exigence écologique concernant leurs habitats, leurs sites de reproduction ou bien leurs régimes alimentaires. En conséquence, tous ne sont pas enclins à utiliser des nichoirs pour se reproduire.

Certains oiseaux dits spécialistes ne sont pas capables de s’adapter à un environnement urbain. On dit qu’ils sont inféodés à un habitat de prédilection. D’autres sont simplement anthropophobes et évitent la présence humaine. Ces espèces n’utilisent généralement pas les nichoirs artificiels. 

En revanche, d’autres oiseaux possèdent une préférence écologique pour certains habitats mais sont capables d’adapter leurs exigences selon les situations. Ces espèces possèdent une plus forte adaptabilité et une meilleure chance de survie en milieu urbain. En général, ces espèces supportent aussi la présence et les usages anthropiques et sont décrites comme anthropophiles. Ces espèces sont les plus susceptibles d’utiliser des nichoirs pour se reproduire.

Un oiseau urbain s’apparente donc à un oiseau au répertoire écologique souple et possédant une forte tolérance à la présence humaine. Ces oiseaux anthropophiles supportent de partager avec nous leurs milieux de vie et se divisent en deux catégories : les exploitants et les adaptateurs.

  • Les exploitants sont les oiseaux urbains utilisant les ressources humaines pour survivre, comme le Pigeon biset.
  • Les adaptateurs sont les oiseaux urbains non dépendants des ressources humaines mais susceptibles de les utiliser. Il s’agit par exemple des Mésanges bleues, charbonnière ou encore du Rougegorge familier, communs dans les espaces végétalisés des aires urbaines. 

Ainsi, nous pouvons, de temps en temps, leur donner un coup de pouce et favoriser leur reproduction en installant des nichoirs.

Le Pigeon biset féral, archétype de l’oiseau anthropophile © Pinterest

Les nichoirs sont-ils vraiment efficaces ?

L’utilité d’un nichoir dépend d’un grand nombre de variables écologiques et de principes techniques. Certaines règles sont indispensables lorsqu’on souhaite intégrer un nichoir en milieu urbain.

  1. La toute première est de déterminer quel oiseau l’on souhaite favoriser et grâce à quel type de nichoir. En effet, les espèces possèdent des exigences particulières. On retrouve donc différents types d’ouvertures et des trous de dimensions variables car pour les oiseaux, le moindre millimètre compte.

Parmi les grandes catégories de nichoir, on retrouve : 

  • Les nichoirs cavernicoles : 
  • Les nichoirs semi-cavernicoles : 
  • Les nichoirs ouverts 

2. Le succès d’un nichoir dépend aussi fortement de son exposition et de sa hauteur, qu’il convient d’adapter à chacune des espèces que l’on cible. En général, il convient de respecter une hauteur minimale de 2 mètres et une orientation sud-est car les oiseaux aiment le soleil.

La communauté scientifique étudie de plus en plus l’effet de ces structures artificielles sur le succès de reproduction des oiseaux car les nichoirs sont encore souvent utilisés à mauvais escient.

Dans certains cas de figure, ils peuvent nuire aux oiseaux voire dégrader la situation de certaines espèces menacées de disparition. Notamment, la densité de nichoir joue un rôle important sur la prédation ou le succès de reproduction des oiseaux. 

Sur la prédation, la multiplication des nichoirs facilite l’identification par les prédateurs de la zone comme une aire d’alimentation. De plus, la densité de nichoir est proportionnellement corrélée à la compétition entre les individus d’une même espèce et d’espèces différentes pour l’accès aux ressources.

La proximité des nichoirs favorise aussi des comportements parasitaires et la destruction de nid par des individus de la même espèce. C’est pour cela que l’installation trop dense de nichoirs peut avoir un effet pervers et réduire le succès de reproduction des oiseaux (Mainwaring, 2017).  

Certaines autres variables jouent un rôle insoupçonné pour l’occupation des nichoirs. Par exemple, certaines études montrent que les oiseaux nichant dans des cavités préfèrent utiliser des nichoirs non traités et préfèrent certaines couleurs : le noir et blanc, le marron ou le vert ou le bleu et le rouge (Browne, 2006 ; Zhang et al.,2012). 

L’évolution constante des équilibres écologiques doit nous rappeler qu’une action aussi banale que la pose d’un nichoir porte des conséquences sur les êtres vivants qui nous entourent. L’installation d’un nichoir peut entraîner de nombreuses conséquences localement ou tout simplement n’avoir aucun effet. 

Lorsque l’on souhaite poser un nichoir, il appartient à chacun de jauger sa pertinence et en cas d’incertitude, de s’adresser soit à des experts soit à des associations locales.

La Pie bavarde, un prédateur urbain naturel des nichées © Bruno Oberkampf

Les nichoirs de la rue Montigny 

Sur la rue Montigny, deux types de nichoirs sont installés et sont destinés spécifiquement à la Mésange bleue, au Rougegorge familier et à la Mésange charbonnière. Mais avec un peu de chance, des espèces plus rares en milieu urbain pourront aussi en profiter, comme la Sittelle torchepot. 

  • Pour le Rougegorge, un nichoir semi-ouvert est installé, en forme de maisonnette.
  • Pour la Mésange bleue, c’est un nichoir cavernicole à ouverture réduite, de 28mm.
  • Pour la Mésange charbonnière, c’est un nichoir cavernicole plus large, avec un trou d’ouverture de 32 mm.

Saurez vous reconnaitre quel est le nichoir de chacun de ces oiseaux sur la photo ci-dessous ? 

       Nichoirs de la rue Montigny © Ville de Pantin